Le procès très attendu opposant le ministère public à Olivier Boko, Oswald Homeky et quatre coaccusés s’est ouvert ce mardi 21 janvier 2025 devant la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET). Ces personnalités de premier plan sont poursuivies pour complot contre la sûreté de l’État, corruption d’agent public national, faux et usage de faux.
Mais le procès ouvert le lundi 21 janvier 2025 a été suspendu et renvoyé à ce mardi 22 janvier après la déconstitution des avocats de la défense qui dénoncent l’illégalité de la composition de la cour. Une posture dénoncée par le procureur spécial de la cour de répression des infractions économiques et du terrorisme.
La position du parquet spécial
Le procureur spécial, Mario Mètonou, a dénoncé ce qu’il considère comme une stratégie visant à discréditer la justice et à entraver le procès. Il a rappelé que toutes les étapes de la procédure avaient été validées par les plus hautes juridictions du pays :
- Cour constitutionnelle : les recours déposés par la défense pour contester la régularité de la procédure ont été rejetés.
- Cour suprême : les pourvois en cassation visant les décisions antérieures, notamment l’arrêt de mise en accusation, ont également été rejetés.
Le parquet a tenu à souligner que le respect des règles juridiques est au cÅ“ur du fonctionnement de la justice et qu’aucune tentative de pression ne saurait altérer son impartialité.
Retour sur le procès du 21 janvier
Dès le début des audiences, les avocats de la défense ont contesté la régularité de la composition de la juridiction, affirmant qu’elle violait l’article 254 du code de procédure pénale de 2018. Cet article stipule que la chambre criminelle d’un tribunal doit être composée d’un président et de quatre assesseurs. Cependant, la CRIET, en application de la loi spéciale n°2020-07 du 17 février 2020, statue avec un président et deux assesseurs, comme cela a été le cas pour toutes ses audiences criminelles depuis cinq ans.
Le parquet spécial a rappelé que la CRIET fonctionne sous le régime de cette loi spéciale, laquelle prime sur le code de procédure pénale général en vertu de son caractère plus récent et spécifique.
Demande de déport du juge-président
En réponse au rejet de leurs arguments sur la composition de la Cour, les avocats de la défense ont demandé la suspension de l’audience pour déposer une requête en déport du juge-président. Selon eux, il existait des doutes sérieux quant à son impartialité.
À la reprise de l’audience, un coup de théâtre s’est produit : les avocats des accusés ont annoncé leur déconstitution, affirmant qu’ils se retiraient avec l’accord de leurs clients. Olivier Boko et Oswald Homeky, appelés à la barre, ont confirmé que cette décision avait été prise d’un commun accord avec leurs conseils. Cette manÅ“uvre a été interprétée par le parquet comme une tentative de bloquer le déroulement normal du procès, en multipliant les incidents de procédure pour éviter un débat de fond.
Après ces événements, la Cour a suspendu l’audience et renvoyé le dossier au lendemain, mercredi 22 janvier 2025, pour permettre aux accusés de désigner de nouveaux avocats ou de solliciter la désignation d’avocats commis d’office.