Alors que le procès d’Olivier Boko et d’Oswald Homeky se poursuit devant la CRIET, les procès-verbaux d’audition des deux principaux accusés ont été rendus publics, révélant des détails sur leurs dépositions lors de l’enquête préliminaire.
Interrogé en présence de ses avocats, Olivier Boko a affirmé qu’il devait percevoir une somme de 250 millions FCFA provenant d’un bail d’un de ses immeubles par l’entreprise PorteO. Il a expliqué avoir demandé que cette somme soit remise à Rock Niéri et que l’argent avait été convoyé depuis Lomé à bord d’une Range Rover.
Lorsque le juge instructeur lui a demandé s’il savait que ces fonds avaient été finalement déposés chez Oswald Homeky, l’homme d’affaires a répondu qu’il n’en avait « aucune idée ».
Interrogé sur une éventuelle ambition présidentielle, Olivier Boko a nié avoir des visées politiques, rappelant qu’il n’appartient à aucun parti et que ce sont ces derniers qui désignent les candidats. Il a rejeté toute implication dans le financement d’un mouvement en son nom, précisant qu’il n’a jamais donné sa caution pour soutenir une quelconque initiative.
Le juge lui a alors demandé pourquoi il ne s’était pas désolidarisé publiquement des appels à sa candidature, ce à quoi il a répondu qu’il n’avait rien demandé et n’avait donc pas trouvé utile d’intervenir. « Il n’est pas nécessaire d’empêcher les gens qui s’investissent pour vous, car à un moment donné, vous aurez besoin d’eux », a-t-il ajouté, évoquant son expérience en tant que coordinateur des campagnes de Patrice Talon en 2016 et 2021.
S’agissant du mouvement OB26, Olivier Boko a assuré qu’il n’en connaissait même pas l’existence.
Le juge a également évoqué les liens entre Olivier Boko et le colonel Tévoédjrè, commandant de la garde républicaine. Le prévenu a confirmé avoir de bonnes relations avec l’officier en raison de sa proximité avec le chef de l’État.
Confronté à la déclaration du colonel, qui aurait affirmé que Boko était l’une des rares personnes capables de lui donner des instructions sans qu’il ne se réfère au président Talon, l’homme d’affaires s’est contenté de répondre : « C’est lui qui le dit. »
Enfin, lorsque le juge l’a confronté à l’accusation selon laquelle il aurait confié au commandant de la garde républicaine que sa rupture avec le chef de l’État était consommée en raison du refus de ce dernier de soutenir sa candidature, Olivier Boko a catégoriquement nié : « C’est faux. Le colonel ne peut pas dire cela. J’ai de bonnes relations avec le chef de l’État. »
Les dépositions d’Oswald Homeky
Face au juge d’instruction, Oswald Homeky a tenté de justifier la présence de la somme de 1,5 milliard FCFA retrouvée à son domicile. Selon ses déclarations, cet argent était destiné au financement des activités du mouvement Dynamique OB26.
L’ex-ministre a également expliqué avoir sollicité le commandant de la garde républicaine pour l’aider à transférer ces fonds vers le domicile d’un cousin à Fidjrossè, arguant qu’une semaine plus tôt, il avait été victime d’une tentative de vol. Il a insisté sur le fait que l’argent n’était plus en sécurité chez lui et qu’il cherchait simplement une solution pour protéger ces fonds.
Concernant le véhicule utilisé pour le transport de l’argent, le juge a interrogé Homeky sur la raison pour laquelle les plaques d’immatriculation avaient été enlevées. L’ancien ministre a répondu que le véhicule venait d’être acquis et qu’il était en cours de changement d’immatriculation car il s’agissait d’un leasing. Il a toutefois reconnu que retirer les plaques n’était peut-être pas la meilleure décision.