Les dirigeants de la CEDEAO se sont réunis jeudi en session extraordinaire pour discuter de la résurgence des coups d’État dans la sous-région. Cependant l’organisation semble ne pas vouloir tenir compte des causes profondes de ces actes des militaires.
La CEDEAO a sorti un communiqué final à la suite de sa réunion d’urgence sur la résurgence des coups d’Etat en Afrique de l’ouest. Dans le document, l’organisation sous régionale a évoqué une préoccupation face à cet état de chose mais semble ne pas prendre en compte les causes mais plutôt préfère juste se contenter de ne voir que l’action des militaires.
« La Conférence exprime sa vive préoccupation face aux cas de violation de l’ordre constitutionnel dans la région, notamment par le biais des coups d’Etat militaires récemment intervenus et les tentatives de coup d’Etat dans certains Etats membres. À cet égard, elle réaffirme son engagement à renforcer la démocratie et la bonne gouvernance dans la région, et instruit la Commission à accélérer la révision du Protocole additionnel de 2001 sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance et des textes connexes », a indiqué la CEDEAO dans son communiqué final.
A aucun moment il n’a été question de condamner ou de faire ressortir l’action des civils au pouvoir, qui pousse à ce genre de prise de pouvoir militaire. Pourquoi la CEDEAO est-elle aussi lente à comprendre ? Ou peut-être que les dirigeants font exprès de ne pas comprendre dans le but d’éviter de se blâmer eux-mêmes. Paul Kagamé et Laurent Gbagbo l’ont pourtant fait savoir qu’il ne faut pas blâmer que les militaires et que la gestion faite par les civils peut aussi être la cause de ces putschs.
Sinon, comment comprendre que l’organisation qui s’évertue aujourd’hui à crier « retour à l’ordre constitutionnel » et qui fait semblant d’y tenir, ne se prononce jamais quand c’est l’un de ces membres qui se sert des militaires pour forcer le peuple à accepter ses propres dérives et sa soif du pouvoir ? Les cas flagrants d’Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire, de Faure Gnassingbé au Togo ou d’Alpha Condé en Guinée devraient pourtant mettre la puce à l’oreille de cette institution.
Si la CEDEAO n’a pas condamné ces agissements de ces dirigeants qui constituent pourtant des coups d’Etat constitutionnels et électoraux, pourquoi s’évertue-t-elle maintenant à jouer les donneurs de leçon. L’organisation en elle-même doit être repensée et doit pouvoir sanctionner autant les coups d’Etats que les changements de constitutions pour rester au pouvoir.
Tant que la CEDEAO ne travaille pas pour les peuples et continuera à donner cette image de syndicat de chefs d’Etats qui se défendent pour maintenir leur emprise sur les peuples, le mal persistera.