Le président Patrice Talon n’a jamais demandé de pardon de la part de son prédécesseur après leur brouille en 2012. Dans un entretien samedi, Patrice Talon a livré sa version des faits qui l’ont ramené de l’exil dans son pays.
Patrice Talon partage sa perspective sur le pardon accordé par Boni Yayi dans les affaires d’empoisonnement et de coup d’État.
Il est communément admis dans l’opinion que c’est le pardon accordé par l’ancien président Boni Yayi qui a permis à l’homme d’affaires Patrice Talon de revenir dans son pays après des années d’exil suite aux affaires de coups d’État et d’empoisonnement dont il aurait été l’instigateur.
Mais, à en croire Patrice Talon, il n’en est rien. « Je vais vous dire, moi, personne ne m’a pardonné de rien du tout », a déclaré le chef de l’État, Patrice Talon, samedi 23 décembre 2023 dans un entretien accordé à la télévision nationale.
Lors de cet entretien, Patrice Talon a largement évoqué les affaires qui l’avaient contraint à s’exiler en France pendant plusieurs années en 2013. Le président s’est notamment exprimé sur la manière dont il a été amené à rétablir des relations avec Boni Yayi dans le but de normaliser leurs rapports, qui s’étaient entre-temps considérablement détériorés.
Patrice Talon a expliqué que le premier pas dans le processus qui a conduit à la résolution des deux affaires de tentative d’empoisonnement et de coup d’État a été initié par son prédécesseur. « Mon prédécesseur, Boni Yayi, a souhaité que la paix soit faite. Ce n’est pas moi qui ai cherché la paix, ce n’est pas moi qui ai recherché la réconciliation entre deux hommes. Bien que je sois un homme de paix et de réconciliation, » a révélé le président Talon.
Selon Patrice Talon, l’ex-président a sollicité l’ancien chef de l’État sénégalais, Abdou Diouf, pour conduire les négociations. L’ancien magnat du coton a expliqué avoir été contacté, alors qu’il était encore en exil à Paris, par l’ancien Secrétaire général de la Francophonie qui lui a fait la proposition de faire la paix avec Boni Yayi, alors président de la République du Bénin.
« Je suis allé à la convocation du président Abdou Diouf et il m’a dit : « Jeune homme, il faut que tu fasses la paix avec ton aîné » et j’ai dit : « Moi, je veux bien, je n’ai jamais fait la guerre à personne », et c’est cela qui a donné lieu à des échanges du genre », a-t-il déclaré.
Boni Yayi, alors président de la République, a déclaré lors d’un message à la nation en mai 2014 qu’il avait pardonné à Patrice Talon pour les affaires d’empoisonnement et de coup d’État. L’ancien président avait déclaré avoir pris cette décision après une médiation, au cours de laquelle Patrice Talon a exprimé ses regrets.
Mais pour l’actuel locataire de la Marina, « C’est être rancunier que de ne pas dire à votre interlocuteur : « Écoute, si je t’ai offensé, si je t’ai nui de quelque manière que ce soit, alors je le regrette » ».
« C’est une forme élégante de dire « Je suis prêt pour la paix », sans dire « Je ne suis coupable de rien » parce que vous savez, vous pouvez offenser quelqu’un juste parce que vous êtes une embûche, un obstacle à ses ambitions. Ou bien la personne a pensé que vous l’avez méprisée. Donc quand on veut faire la paix, vraiment, c’est une formule consacrée », a fait remarquer Patrice Talon.