Au Bénin, les usagers de l’Agence Nationale d’Identification des Personnes (ANIP) rencontrent d’énormes difficultés dans le cadre de la correction des différents actes délivrés et d’autres réclamations. Pourtant, en janvier 2023, l’ANIP avait décidé de mettre fin à leurs tracasseries, à travers le lancement du service de réclamation en ligne.
« Désormais, pour toutes demandes de correction sur les documents sécurisés délivrés par l’ANIP ou pour toutes réclamations, sans vous déplacer, vous pouvez les effectuer en ligne sur le site Web https://msdu.anip.bj/register-claim«, avait annoncé l’ANIP. Malheureusement, cette nouvelle mesure prise par l’ANIP qui était censée mettre fin aux rangs interminables auxquels les usagers sont confrontés dans ses locaux, quand il s’agit de procéder à la correction de leurs pièces, a fait long feu. Très vite, l’application a été mise hors service pour des raisons propres à l’ANIP.
À cela s’est ajoutée en juin 2024, la suspension de la correction des données nominatives et la mise à jour du numéro de téléphone dans le Registre national des Personnes physiques au Bénin dans les unités de l’ANIP. Il n’en fallait pas plus pour ajouter à la peine de ceux qui s’efforçaient tout au moins de se rendre dans les arrondissements pour corriger leurs actes erronés.
En réponse aux différentes plaintes des populations, l’ANIP a relancé il y a quelques semaines seulement les corrections et réclamations. Mais c’était sans compter sur la lenteur dans le traitement des demandes.
Lenteur dans le traitement des réclamations
Une équipe de reportage de BENIN WEB TV a fait le tour des unités de l’ANIP pour constater les peines des citoyens. Au siège du 9ème arrondissement de Cotonou à Fifadji, le constat est désolant. Une soixantaine de personnes, jeunes, hommes, femmes, les uns couchés sur leurs pagnes étalés à même le sol ou par terre, les autres assis sur la terrasse et d’autres encore debout attendant impatiemment d’obtenir gain de cause.
Approchée, Grâce raconte qu’elle est au 9ème arrondissement de Cotonou pour le dépôt de signatures sur son Certificat d’Identification Personnelle (CIP). « Je suis là depuis des jours, mais la file d’attente était longue, donc j’ai dû patienter. On nous a dit de revenir aujourd’hui et on va reprendre à 14h. Donc, je vais passer tout à l’heure à 14h pour finaliser », a-t-elle confié.
« Le rang était un peu désordonné. Ce qui fait qu’il y a des gens qui viennent en retard et se font servir en même temps. Alors que nous, on est là depuis, on n’a pas le droit d’entrer. Mais aujourd’hui, ils se sont améliorés. Ils ont fait une liste. On a pris nos noms. Donc chacun passera », a expliqué la jeune femme.
Contrairement à Grâce, le sort de Drabo Yaya laisse à désirer. Il fait des allers-retours depuis deux mois pour retirer l’acte de naissance sécurisé de son enfant. « Je suis venu faire l’acte de naissance pour mon enfant et un règlement. J’étais à la mairie d’Aidjèdo le mois passé, ils m’ont dit qu’il n’y avait pas de connexion. Aujourd’hui, je suis passé là, ils m’ont dit qu’ils ne le faisaient pas et m’ont envoyé à la mairie de Cotonou à Wologuèdè. Une fois là-bas, ils m’ont orienté vers Fifadji. Maintenant, à Fifadji ici au 9ème arrondissement de Cotonou, ils n’arrivent pas à comprendre mon problème », se désole-t-il.
Soulager les peines des usagers de l’ANIP ?
Pour Drabo Yaya, chaque mairie doit au moins avoir le savoir-faire, au moins l’acte de naissance pour un nouveau-né. « Toi, tu es à Cotonou et on te demande de faire le déplacement pour aller à Abomey-Calavi avant de faire l’acte de naissance pour un nouveau-né », a-t-il déploré.
Ne sachant plus à quel saint se vouer, il invite le gouvernement à alléger sa peine. « S’il y a quelque chose, le gouvernement doit nous le faire savoir pour qu’on sache quelle mairie doit traiter tel ou tel dossier; là, on sait directement là où il faut partir. », a-t-il déclaré avant d’ajouter : « Ça fait déjà deux mois. J’ai repris le processus ce mois pour voir si je peux retirer l’acte de naissance de mon enfant« .
Même Ernest Kwasi Hangbe n’est pas à bout de ses peines. Rencontré au 9e arrondissement de Cotonou (Fifadji), il dit avoir commencé son périple au 10e arrondissement de Cotonou (zogbo houê).
« Quand tu ne fais pas partie des premiers, tu n’as pas la chance d’être servi. Donc, déjà à 6h, 5h30, moi, j’étais là et on a déjà donné les noms. Mais déjà à 6h, comme ça, je suis encore à la 24e position sur la liste », fait-il remarquer.
« La belle preuve, à 11h30, on a refait une autre liste. Mais on nous dit maintenant que nous ne pouvons pas être servis et que nous devons revenir à 14 », a fustigé Ernest. « C’est le nom de ma fille qu’ils ont mal écrit. Son nom c’est Bénéris. Or, sur la copie, ils ont écrit Bérénice. Mais elle va à l’examen », va-t-il clarifier.
À la mairie d’Abomey-Calavi où une équipe de la rédaction de BENIN WEB TV a également fait le déplacement, le constat est flagrant. On peut voir clairement une centaine de personnes venues pour des réclamations sur leurs actes administratifs délivrés par l’ANIP.
L’ANIP à pied d’oeuvre …
Reçu sur Peace FM le 24 novembre 2024, Pamphile Adadja, Délégué départemental à l’identification des personnes du département de l’Atlantique au sud du Bénin, a répondu à la latence observée dans les unités décentralisées des services de l’Agence Nationale d’Identification des Personnes (ANIP).
« Nos techniciens sont à pied d’Å“uvre… Au regard de l’affluence depuis quelques jours, nous avons déployé nos agents pour expliquer aux populations les procédures physiques et digitales… », a-t-il rassuré.
Dans une interview accordée à l’Agence Ecofin le jeudi 19 décembre 2024, la ministre béninoise du Numérique et de la Digitalisation Aurelie Adam Soulé Zoumarou a dressé un tableau exhaustif des efforts entrepris par le ministère du numérique et de la digitalisation pour positionner le Bénin comme un modèle en matière de digitalisation.