Un agent des douanes et deux informateurs ont comparu le jeudi 28 mars 2024 devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET) suite à une fausse alerte de drogue.
Une fausse alerte de trafic de drogue a entraîné l’incarcération d’un douanier et de deux informateurs, communément appelés « klébés ». Les trois accusés font l’objet de poursuites pour « abus de fonction, dénonciation calomnieuse, trafic d’influence, escroquerie et blanchiment de capitaux ».
Les événements se sont produits à Porto-Novo. Suite à une alerte émanant d’un premier informateur concernant un véhicule transportant de la drogue en direction de la ville capitale. L’agent des douanes a sollicité l’intervention d’un auxiliaire communément appelé « klébé » pour intercepter le véhicule.
À la question de savoir pourquoi il n’a pas appelé un autre agent ou la police pour l’aider comme cela devrait se faire, l’agent de constatation a fait savoir que lorsqu’il a contacté le deuxième klébé, c’était pour obtenir le numéro du commissaire du 4ème arrondissement de Porto-Novo, où le véhicule transportant la présumée drogue devait passer, c’est-à-dire vers les rails de Gbodjè. Cependant, le véhicule aurait finalement été intercepté dans la zone de Beau-Rivage sans aucune trace de drogue.
Le deuxième informateur présumé, proche de responsables des douanes, aurait acquis une réputation notoire au sein de ce milieu après plus de 15 ans de collaboration avec les douaniers. Il aurait été présenté par le premier klébé à l’agent de constatation comme un ami de l’ancien directeur général des douanes, Alain Hinkati, et aurait même été décrit comme ayant de l’influence pour intervenir dans une affaire.
Cependant, lors de sa déposition à la barre, le klébé a catégoriquement nié toute relation que l’accusation aurait avancée pour justifier son influence dans le milieu. Il a clairement affirmé devant la Cour n’avoir jamais prétendu ou laissé entendre qu’il était un ami de l’ancien directeur général de la douane béninoise. Au contraire, il aurait plutôt déclaré à son entourage qu’il avait des contacts à la douane. Il n’a pas nié ses relations amicales avec certains responsables des douanes, en particulier dans les départements de l’Ouémé et du Plateau.
Les avocats des prévenus ont formellement demandé à la Cour spéciale de libérer leurs clients afin qu’ils puissent comparaître librement lors des prochaines audiences. Chacun des avocats de la défense a fourni des garanties quant à la comparution de son client devant le juge. Ils ont même sollicité une libération provisoire moyennant le paiement d’une caution.
Le représentant du procureur public a catégoriquement rejeté la demande. Le député du procureur spécial s’est également opposé à la demande et a exhorté la Cour à adopter la même position. Selon lui, les défendeurs ne démontrent aucune garantie de représentativité.
Le juge a fixé la date du 16 mai 2024 pour rendre sa décision concernant les demandes de mise en liberté provisoire ainsi que pour les réquisitions et plaidoiries des avocats.