Le bilan de Fatou Bensouda, à la tête de la Cour pénale internationale (CPI), est marqué par les débats sur la sélection des cas traités par l’instance. Pour les détracteurs de la CPI, la Cour ne poursuit que les Africains, ce que rejette totalement Fatou Bensouda, la procureure générale, qui quittera son poste mi-juin.
Centrafrique, Mali, Guinée, Soudan, Libye, Côte d’Ivoire,… la sélection des dossiers de la Cour pénale internationale (CPI), chargé de juger les génocides, crimes contre l’umanité et crimes de guerre, ne se fait que sur le continent noir. Après 9 ans à la tête du tribunal mondial créé par le Statut de Rome, Fatou Bensouda arrive au terme de son mandat, le 15 juin prochain, sans parvenir à rétablir la confiance des Africains sur l’impartialité de la Cour. Mais pour la Gambienne, ces critiques, qui évoquent un acharnement contre les Africains, sont totalement infondées.
Dans une interview accordée à RFI, la Procureure de la Cour pénale internationale, Fatou Bensouda, a tenté d’apporter sa part de vérité sur le sujet.
« Je pense d’abord que c’est une critique injuste, et infondée. Effectivement, la CPI a beaucoup travaillé en Afrique. Mais c’est avant tout lié au fait que des États africains eux-mêmes ont saisi la Cour. », a déclaré l’ancienne ministre de Yahya Jammeh. « Deuxièmement, ceux qui ont mené cette propagande contre la Cour ont choisi, délibérément, de ne parler que des affaires concernant l’Afrique. Mais nous avons mené divers examens préliminaires et enquêtes hors du continent : en Colombie, aux Philippines, au Venezuela, en Ukraine, en Géorgie, nous avons aussi ouvert une enquête en Palestine, en Afghanistan, donc c’est complètement faux de dire que la CPI ne vise que l’Afrique. », a-t-elle insisté.
L’un des plus grands dossiers traités par Fatou Bensouda a été celui de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé. La CPI les avait inculpés de « meurtres, viols, persécutions et tentatives de meurtres et autres actes inhumains ». Mais, elle n’a pu réussir à prouver leur culpabilité. Un autre échec cuisant de la Cour de la Gambienne a été le procès de Jean-Pierre Bemba. Non seulement le président du Mouvement de libération du Congo (MLC) est acquitté, en 2018, des « crimes de guerre et crimes contre l’humanité » pour lesquels il était poursuivi, mais l’ancien chef de guerre va jusqu’à réclamer plus de 68 millions d’euros d’indemnisation et dommages et intérêts à la CPI pour ses années passées en prison.