Un projet de réforme fiscale, présenté par le président colombien, a provoqué des manifestations massives dans le pays, violemment réprimées par les forces de l’ordre. Le ministre des Finances a annoncé sa démission, lundi, alors qu’une vingtaine de personnes ont été tuées.
Alors que la Colombie est secouée par une troisième vague de Covid-19, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues pour réclamer le retrait d’un projet de réforme fiscale accusé de toucher surtout la classe moyenne. Ce projet vise à relancer la 4e économie d’Amérique latine, très affectée par la pandémie et dont le PIB a chuté de 6,8% en 2020.
Avec son projet initial, le gouvernement entendait collecter quelque 6,3 milliards de dollars, entre 2022 et 2031. Mais il a été rejeté par l’opposition, les syndicats, les universitaires et d’autres secteurs qui le jugent inopportun et défavorable à la classe moyenne. Même le parti au pouvoir et ses alliés ont émis des critiques.
Près de 20 morts et 800 blessés
Le président Ivan Duque, au pouvoir depuis août 2018, avait annoncé, dimanche, le retrait de ce projet pour en élaborer un nouveau, après cinq jours de protestations qui se sont soldées par la mort de 18 civils et d’un policier, selon le Défenseur du peuple, entité publique de protection des droits.
Le ministère de la Défense a, pour sa part, fait état de 846 blessés, dont 306 civils. Alors que le gouvernement a déployé l’armée en renfort dans les villes les plus affectées, plusieurs ONG ont accusé la police d’avoir tiré sur des civils. La mobilisation a démarré le 28 avril contre le projet, depuis retiré.
Démission d’un ministre
Face à la mobilisation qui ne semble pas faiblir, le ministre des Finances a démissionné. « Mon maintien au gouvernement rendrait difficile l’édification rapide et efficace des consensus nécessaires » pour mener à bien une nouvelle proposition de réforme, a déclaré Alberto Carrasquilla. Il est remplacé par l’économiste José Manuel Restrepo, jusque-là ministre du Commerce.
Le président Ivan Duque a fermement affirmé son soutien aux forces de l’ordre, alors que des manifestants bloquaient des routes et que des postes de police ont été attaqués, mardi soir, à Bogota avec un bilan officiel de sept civils et 27 policiers blessés.
L’Union européenne a jugé « prioritaire de mettre un terme à l’escalade de cette violence et d’éviter tout usage disproportionné de la force par les forces de sécurité ». Les États-Unis ont appelé à la « plus grande retenue de la part de la force publique afin d’éviter d’autres pertes de vies ». L’ONG Amnesty International a demandé de mettre « fin à la répression des manifestations » et à « la militarisation des villes ».