Le scandale qu’a suscité la démonstration d’un viol en direct à la télévision a relancé le débat sur la question des violences sexuelles. Les collectifs et associations féministes veulent y voir le signe d’un tournant dans la lutte contre ce phénomène.
L’indignation ne faiblit pas en Côte d’Ivoire. Les réseaux sociaux, depuis environ une semaine, sont en ébullition pour protester contre la banalisation de la culture du viol dans le pays. Mercredi 1er septembre, plusieurs dizaines de militantes féministes ont également battu le pavé devant le siège de la chaîne privée NCI pour réclamer des sanctions.
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L’objet de leur mouvement d’humeur : une tranche puante d’une émission de divertissement dans laquelle un ancien violeur était invité à simuler une agression sexuelle sur un mannequin en plastique, puis à délivrer des conseils aux femmes pour éviter de tomber dans le même piège.
Devant le tollé général qu’a suscité la diffusion de cet élément visuel, la justice s’est saisie du dossier avec une inhabituelle rapidité et l’animateur Yves de M’Bella a été condamné à 12 mois de prison avec sursis et à une amende de 3 000 euros pour “apologie du viol”.
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Quant au diffuseur, il n’a, pour le moment, pas été poursuivi, la Haute Autorité de communication audiovisuelle (Haca) se contentant de l’inciter à faire preuve de « vigilance » dans sa programmation. Cette clémence fait réagir les associations féministes. Ces dernières dénoncent, en effet, l’absence de sanctions contre la direction de la chaîne.
La forte réaction de l’opinion publique et la célérité de l’action judiciaire laissent penser, pour autant, que la Côte d’Ivoire vient peut-être de connaître un tournant décisif dans la lutte contre les violences sexuelles. « On voit un signal fort, ça prouve qu’il y a des choses qu’on ne peut plus laisser passer, que le viol n’est pas toléré », assure Désirée Dénéo, Secrétaire générale de la Ligue ivoirienne des droits des femmes (LIDF), interrogée par l’AFP. « Cela ouvre le débat sur le viol dans la société ivoirienne » et « cela permet à ces femmes de ne pas se sentir seules et de pouvoir passer le cap du silence.”