Testée à son arrivée en Côte d’Ivoire, la jeune Guinéenne de 18 ans n’était au final, pas porteuse du virus. Retour sur les faits à propos de cette démêlée médicale entre Abidjan et Conakry.
Selon les professionnels du domaine de la santé, le dépistage positif d’une maladie peut être une probabilité et non pas forcément une certitude. Cette vérité scientifique a encore été illustrée en août dernier par le cas d’une jeune fille arrivée en bus de Guinée, et déclarée positive de la maladie à virus Ebola par les médecins de Côte d’Ivoire, résultat infirmé plus tard par un laboratoire français.
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C’est le Centre national de référence des fièvres hémorragiques virales – fruit d’un partenariat entre l’Institut Pasteur de Lyon et le laboratoire P4 Jean Mérieux-Inserm – qui a mis fin, mardi 31 août, à l’imbroglio entre les autorités sanitaires guinéennes et ivoiriennes. Les résultats sanguins de la jeune fille, partie de Labé, en Moyenne-Guinée, et qui a parcouru 1500 km pour se rendre en Côte d’Ivoire, sont négatifs.
Soulagement dans les bureaux de l’OMS qui, prenant acte du diagnostic de l’unité médicale de haute sécurité, s’empresse de publier un communiqué, affirmant qu’il n’existe « aucune preuve » de l’infection.
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Mais comment expliquer que l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire ait constaté, dans un premier temps, une contamination ? Au téléphone, Sylvain Baize, directeur du centre mandaté par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), pour procéder aux analyses des échantillons de la patiente, désamorce toute polémique : « Nos homologues ivoiriens n’ont pas commis d’erreur de diagnostic. Il s’agissait tout simplement d’un cas de faux positif », dans des propos rapportés par Jeune Afrique.
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Pédagogue, le scientifique français poursuit en ces termes : « Pour savoir si un organisme est atteint d’Ebola, nous vérifions la présence de signaux que sont les agents pathogènes et anticorps du virus. Lorsqu’ils sont suffisamment forts, la probabilité d’infection augmente. Mais en dessous d’un certain seuil, il y a une zone grise, dans laquelle ces signaux peuvent parfois être trompeurs. Surtout lorsque la patiente est atteinte des symptômes du virus. C’est en l’occurrence ce qu’il s’est passé. La procédure consiste ensuite à procéder à un test de confirmation, avec des techniques plus poussées, que nous maîtrisons ici, à Lyon. ».
Rémy Lamah, ministre guinéen de la Santé et de l’Hygiène publique, a d’ailleurs publiquement réclamé, le 19 août, auprès du représentant de l’OMS dans son pays que des analyses plus approfondies soient réalisées.
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Côté ivoirien, Serge Eholié, chef de service des maladies infectieuses et tropicales du CHU de Treichville, à Abidjan, où est suivie la patiente réagit vivement aux inquiétudes du pays voisin : « Les autorités guinéennes doutent du diagnostic clinique, moi je ne doute pas de mon analyse, je suis infectiologue et clinicien ».
Et le ministre ivoirien de la Santé, Pierre Dimba, lui emboîte le pas après que l’Agence nationale de sécurité sanitaire a demandé des vérifications supplémentaires.