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Crise Benin – Niger : de mal en pire ?

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BIIC

La crise entre le Bénin et le Niger s’est intensifiée depuis le coup d’État au Niger en juillet 2023, avec la fermeture des frontières, le blocage du pétrole nigérien et l’arrestation d’experts nigériens au Bénin, entraînant de lourdes conséquences économiques et sociales pour les deux pays.

Le coup d’État au Niger du 26 juillet 2023, mené par le général Abdourahmane Tiani et un groupe d’officiers de l’armée nigérienne, a renversé le président Mohamed Bazoum. En réponse, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a imposé des sanctions au Niger. Des tonnes de marchandises, y compris des camions nigériens à destination du Niger, ont été bloquées au port autonome de Cotonou et à la frontière entre les deux pays, entraînant des pertes importantes pour les opérateurs économiques nigériens.

La menace d’une intervention militaire de la CEDEAO pour rétablir le président Bazoum, soutenue par le Bénin, a été mal accueillie par les nouvelles autorités militaires au Niger.  Simultanément, les relations diplomatiques entre les deux pays se sont détériorées, le Niger accusant le Bénin d’abriter une base militaire française sur son territoire où des djihadistes seraient entraînés pour déstabiliser le Niger.

Fermeture et réouverture des frontières

Après le coup d’État au Niger en juillet 2023, le Bénin a fermé ses frontières avec le Niger en réponse aux sanctions imposées par la CEDEAO. Cependant, en février 2024, lors d’un sommet, la CEDEAO a décidé de lever les sanctions contre le Niger, malgré le refus des autorités militaires de se conformer aux exigences de l’organisation régionale. Suite à cette levée des sanctions, le Bénin a décidé de rouvrir sa frontière avec le Niger. Toutefois, la junte a maintenu le blocus. Le général Abdourahmane Tiani a déclaré que la frontière resterait fermée tant que le Niger considérerait le Bénin comme une menace et une base potentielle pour des opérations de déstabilisation.

Les autorités béninoises ont exprimé leur mécontentement face à cette décision de Niamey de maintenir la fermeture de la frontière. En réponse, le 8 mai 2024, le président Patrice Talon a décidé avant de se raviser d’interdire le chargement du pétrole brut nigérien via la plateforme de Sèmè-Podji au Bénin, cet oléoduc géant de 2 000 kilomètres, qui devait permettre au Niger d’exporter son pétrole brut sur le marché international. Les raisons de cette réaction de Cotonou, selon le président béninois Patrice Talon, étaient la décision des militaires nigériens de maintenir la fermeture de la frontière et le manque de communication entre les deux pays voisins.

Malgré la réouverture de la frontière par Cotonou, Niamey continue d’exiger le départ des troupes françaises stationnées près de la frontière entre les deux pays, dont la présence n’a jamais été prouvée . Il est également important de noter que le Niger a rompu ses relations diplomatiques avec la France en raison du soutien français au régime renversé de Mohamed Bazoum.

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Médiation et Arrestations

Une réunion de médiation s’est tenue à Niamey en juin 2024 à l’initiative de la société chinoise West African Pipeline Company (WAPCO), mais aucun terrain d’entente ne semble avoir été trouvé. Malgré les efforts de médiation, les tensions entre le Bénin et le Niger se sont accrues avec l’arrestation de cinq experts nigériens envoyés pour contrôler l’embarquement du pétrole nigérien acheminé jusqu’au port béninois de Sèmè-Podji.

Le Bénin accuse les experts nigériens de s’être frauduleusement introduits sur le site de la station terminale de WAPCO à Sèmè-Kpodji, avec la complicité de l’administrateur général de WAPCO Bénin. De son côté, le Niger dénonce une violation des dispositions contractuelles par le Bénin et un manque de contrepartie en matière de contrôle, permettant à la partie chinoise d’agir seule. Alio Daouda, ministre nigérien de la Justice, estime qu’au-delà du Bénin, le partenaire chinois ne joue pas franc jeu.

Face à cette situation, le Niger menace de fermer le robinet de la station de Koulélé si le Bénin ne libère pas les experts nigériens et ne respecte pas les accords liant les trois partenaires. Lors d’un communiqué du CNSP lu à la télévision ce samedi 8 juin, le porte-parole du régime militaire nigérien a sévèrement critiqué les actions du président béninois Patrice Talon, l’accusant de vouloir pousser le Niger à la faute à travers de multiples violations d’accords bilatéraux et d’actions hostiles affectant le transport du pétrole nigérien.

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Les autorités nigériennes ont également décidé de saisir les juridictions compétentes en la matière. Ces arrestations et accusations mutuelles illustrent la dégradation des relations entre le Bénin et le Niger, malgré les tentatives de médiation. L’implication des entreprises chinoises semble également compliquer la résolution de cette crise.

Impact économique et social

La crise actuelle entre le Bénin et le Niger a eu un impact économique et social significatif sur les populations des deux pays. Au-delà du climat politique tendu, cette crise pénalise l’ensemble de l’activité économique de la région. Il faut savoir que 80% des importations nigériennes transitent par le Bénin et la fermeture de la frontière a mis à rude épreuve les entreprises béninoises actives dans le commerce transfrontalier avec le Niger.

Les produits vivriers en provenance du Bénin, généralement convoyés au Niger à travers le fleuve Niger par les grossistes nigériens, sont touchés. Cela crée une pénurie et une hausse des prix de vente dans les marchés, les magasins et les boutiques des deux pays. Le Bénin a durci le ton le 9 mai 2024 en prenant d’autres mesures protectionnistes, comme l’interdiction d’exportation des céréales vers ses voisins directs, dont le Niger. 

Au Niger, les hausses de prix sont perceptibles sur les différents marchés depuis des mois, affectant les consommateurs, en particulier ceux qui ont du mal à joindre les deux bouts. Selon l’économiste Soly Abdoulaye, 90% des importations nigériennes transitent par le Bénin. Le blocage de ces importations a entraîné des pénuries de biens essentiels et de médicaments, portant un coup dur à l’économie nigérienne. Bien que les pertes exactes pour le port de Cotonou et l’économie béninoise ne soient pas connues, on sait que son taux de croissance a ralenti.

Le Fonds monétaire international (FMI) avait projeté un taux de croissance de 6% pour le Niger en 2023, qui a ensuite été révisé à 5,4%. Le FMI a attribué ce déclin à la fermeture de la frontière avec le Bénin dans un communiqué publié fin octobre 2023.

Les autorités nigériennes ont tenté une solution en adoptant des réformes fiscales et douanières pour réduire la charge des importateurs et les aider à vendre leurs marchandises à des prix abordables. Cependant, la situation reste difficile pour les populations des deux pays, qui subissent de plein fouet les conséquences économiques et sociales de cette crise frontalière.

Un lourd tribu pour le Niger

En décidant de fermer la station de Koulele, le chef de la junte nigérienne semble n’avoir pas cerné tous les contours de cette decision. En effet, la suspension ou l’arrêt de la production pétrolière au Niger entraînerait des coûts importants pour la reprise des activités. Le nettoyage du pipeline de 2 000 km nécessiterait des sommes considérables pour la partie nigérienne. Chaque jour d’arrêt de travail représente une perte de millions de francs CFA, ce qui pourrait compromettre le remboursement du prêt de 400 millions de dollars accordé par la société chinoise en garantie de la production et de la vente de pétrole brut.

Face à la pression des banquiers chinois, de l’UEMOA et à la grogne sociale, la marge de manÅ“uvre de la junte au pouvoir à Niamey semble limitée. Sans la rente pétrolière, le Niger ne dispose pas de ressources suffisantes pour se libérer de la domination française et de la monnaie franc CFA. Depuis la fermeture ambiguë des frontières avec le Bénin, le taux d’inflation est en nette progression au Niger, les stocks de riz s’épuisent et l’insécurité s’aggrave avec la reprise d’activité des bandes armées.

En s’opposant au Bénin, qui a pourtant donné son accord et toutes les garanties pour l’exploitation du pipeline, la junte de Niamey risque de se mettre à dos la Chine, partenaire clé du projet pétrolier. Cette situation explosive menace la stabilité économique et sociale du Niger, déjà fragilisé par le coup d’État et les sanctions internationales.

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