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Crise Benin-Niger: Soglo et Yayi à  Niamey, la médiation de dernière chance ?

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Les anciens présidents béninois Nicéphore Soglo et Boni Yayi se rendent à Niamey ce lundi 24 juin 2024 pour une mission de médiation visant à apaiser les tensions entre le Niger et le Bénin, exacerbées par des différends sur le commerce transfrontalier, l’exploitation pétrolière et des accusations mutuelles de sécurité. Une mission impossible pour les deux hommes d’Etat qui vont tout de même nager en eau pas si inconnue.

Boni Yayi et Nicéphore Soglo entreprennent leur mission de médiation à Niamey le 24 juin 2024 dans un contexte de tensions extrêmes entre le Bénin et le Niger. Leur objectif principal est de « contribuer à rétablir les relations cordiales, fraternelles et mutuellement avantageuses » entre les deux pays. Selon un communiqué diffusé dimanche soir par leurs services de communication, «Â les deux Anciens Présidents estiment être redevables à leurs aînés de la poursuite de cette coexistence pacifique séculaire ».

…Messieurs les Médiateurs

Selon ledit communiqué, la médiation se concentrera sur plusieurs points clés, notamment la réouverture des frontières, où les médiateurs chercheront à convaincre les autorités nigériennes de lever le blocus frontalier sans occulter les préoccupations sécuritaires du Niger. Ils tenteront également de négocier la reprise du transit pétrolier par la réouverture des vannes du pipeline acheminant le pétrole nigérien vers le port béninois de Sèmè-Kpodji. En outre, ils s’efforceront de résoudre l’incident diplomatique concernant les cinq ressortissants nigériens arrêtés au Bénin, perçu comme un « kidnapping » par Niamey, et chercheront à apaiser les tensions diplomatiques en dissipant les accusations mutuelles, notamment concernant la présence présumée de bases françaises au Bénin.

Pour cette mission, Yayi et Soglo s’appuieront sur leur expérience diplomatique et leur statut d’anciens chefs d’État pour faciliter le dialogue. Ils pourront invoquer l’héritage de coopération entre les deux pays à travers les relations établies par les pères des indépendances comme Hubert Maga et Hamani Diori. La médiation bénéficie du soutien des autorités nigériennes, qui ont donné leur accord pour cette rencontre. Cependant, le succès de cette mission reste incertain, étant donné la complexité des enjeux et l’intensité des tensions actuelles entre le Bénin et le Niger.

Mission impossible ?

La crise entre le Bénin et le Niger s’inscrit dans un contexte régional complexe marqué par l’instabilité politique et sécuritaire au Sahel. Les tensions actuelles ont été déclenchées par le coup d’État militaire au Niger en juillet 2023, qui a renversé le président Mohamed Bazoum. Ce changement de régime a entraîné une série de conséquences, notamment les sanctions économiques et politiques imposées par la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), auxquelles le Bénin a adhéré. En réaction, les autorités militaires nigériennes ont fermé leurs frontières avec le Bénin, une mesure qui a persisté même après la levée des sanctions en février 2024.

Cette fermeture a eu des répercussions économiques importantes, le Bénin étant un partenaire crucial pour le transit des marchandises nigériennes via le port de Cotonou. Les relations diplomatiques se sont également détériorées, avec des accusations mutuelles, notamment concernant la présence supposée de bases militaires françaises au Bénin, ce que les deux pays ont démenti.

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En novembre 2023, le Niger a inauguré un oléoduc reliant ses champs pétroliers au port béninois de Sèmè-Kpodji, mais les tensions ont conduit à l’interruption de ce flux pétrolier, affectant les intérêts économiques des deux pays et de l’entreprise chinoise Wapco. Un incident diplomatique a encore aggravé la situation lorsque cinq ressortissants nigériens ont été arrêtés au port de Sèmè-Kpodji par les autorités béninoises, le Niger qualifiant cet acte de « kidnapping ».

Des médiateurs expérimentés

Boni Yayi et Nicéphore Soglo apportent une expérience considérable en matière de médiation et de diplomatie régionale à leur mission actuelle. Le prédécesseur de Patrice Talon, Boni Yayi a joué un rôle important en tant que médiateur lors de crises précédentes en Afrique de l’Ouest. En 2012, alors président du Bénin, il a dirigé une délégation de la CEDEAO au Mali pour négocier avec les putschistes qui avaient renversé le président Amadou Toumani Touré. Bien que cette médiation n’ait pas immédiatement résolu la crise, elle a contribué à ouvrir la voie à des négociations ultérieures.

En 2016, peu après avoir quitté ses fonctions présidentielles, Yayi a aussi dirigé la mission d’observation de l’Union africaine pour l’élection présidentielle en Guinée équatoriale. Une somme d’expérience qui prouve à suffisance, sa crédibilité en tant que figure politique respectée dans la région. Aussi, Les relations entre Boni Yayi, ancien président du Bénin, et Mahamadou Issoufou, ancien président du Niger, ont joué un rôle significatif dans le projet de pipeline Bénin-Niger. Ce projet, qui vise à transporter le pétrole brut du Niger vers le port de Sèmè-Kpodji au Bénin, a des racines remontant à 2015. À cette époque, les discussions sur l’exportation du pétrole nigérien via un oléoduc ont commencé, et les relations fraternelles entre Yayi Boni et Mahamadou Issoufou ont facilité les négociations initiales.

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Nicéphore Soglo, quant à lui, a une longue histoire de participation à la résolution des conflits régionaux. En tant que premier président démocratiquement élu du Bénin en 1991, il a joué un rôle crucial dans la transition pacifique du pays vers la démocratie. Cette expérience lui confère une autorité morale significative dans les discussions sur la gouvernance et la stabilité régionale. Il est d’ailleurs le vice-Président du Forum des Anciens Chefs d’Etats et de Gouvernements d’Afrique.

Ensemble, Yayi et Soglo ont déjà collaboré sur des initiatives de médiation. En 2019, ils ont fait partie d’une délégation d’anciens présidents béninois qui ont tenté de négocier avec le président Patrice Talon concernant la crise politique au Bénin. Bien que cette médiation n’ait pas abouti à un accord complet, elle a démontré leur capacité à travailler ensemble sur des questions sensibles. Leur statut d’anciens chefs d’État respectés, combiné à leur connaissance approfondie des dynamiques régionales, leur permet d’aborder les négociations actuelles avec une perspective unique. Leur expérience partagée en tant que dirigeants du Bénin leur donne également une compréhension nuancée des intérêts et des préoccupations de leur pays dans ses relations avec le Niger.

Pas gagner d’avance

Cependant, il est important de noter que le succès de leur médiation actuelle n’est pas garanti, étant donné la complexité de la crise entre les deux pays et l’évolution du contexte régional depuis leurs mandats présidentiels. La situation politique et sécuritaire au Niger s’est considérablement dégradée depuis le coup d’État qui a renversé le président Mohamed Bazoum. Les tensions internes et les pressions internationales compliquent davantage la tâche des médiateurs. Les dynamiques régionales ont également changé, avec de nouveaux acteurs et intérêts en jeu. Ce qui rend le paysage diplomatique plus difficile à naviguer pour des anciens dirigeants qui ne sont plus en fonction depuis plusieurs années.

De plus, les relations entre le Bénin et le Niger ont été mises à rude épreuve par des incidents récents, comme l’interpellation et la condamnation de ressortissants nigériens au Bénin. Ces événements ont exacerbé la méfiance et les ressentiments entre les deux pays, nécessitant une approche de médiation particulièrement délicate et nuancée. Boni Yayi et Nicéphore Soglo devront faire preuve d’une grande diplomatie pour surmonter les suspicions et rétablir un dialogue constructif. Leur capacité à instaurer la confiance et à proposer des solutions acceptables pour les deux parties sera cruciale pour le succès de leur mission.

Enfin, il faut considérer que la légitimité et l’influence des anciens présidents peuvent avoir diminué avec le temps. Bien qu’ils soient respectés pour leurs contributions passées, leur éloignement des affaires courantes pourrait limiter leur efficacité en tant que médiateurs. Les nouvelles générations de dirigeants et les changements dans les priorités nationales et internationales depuis leurs mandats pourraient rendre leurs efforts moins percutants. Cependant, leur expérience et leur engagement envers la paix et la stabilité pourraient néanmoins jouer un rôle important dans cette tentative de résolution de crise.

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