Le Secrétaire général de la Confédération des syndicats autonomes du Bénin (Csa-Bénin), Anselme Amoussou a aussi opiné sur le discours sur l’état de la nation prononcé le 20 décembre dernier par le chef de l’Etat devant la représentation nationale.
Pour le responsable syndical, sur le plan des réalisations et de l’autosatisfaction personnelle, le discours de 2024 ne diffère guère des allocutions à la nation des années précédentes.
« Les progrès économiques, les infrastructures routières, la reconstruction et l’embellissement des marchés, les années académiques sans perturbations, les cantines scolaires et l’accès à l’eau potable ont été présentés comme des avancées significatives pour notre pays. Il existe des chiffres pour en attester et des preuves tangibles sur le terrain. Par conséquent, je ne veux pas faire preuve de mauvaise foi en les contestant« , a confié le syndicaliste.
Il félicite donc le chef de l’Etat et son gouvernement ainsi que l’ensemble des populations, en particulier les travailleurs, pour ces réalisations qui sont à mettre à l’actif de tous. Il reconnait ce pendant qu’il y a des aspects de la gouvernance qui ne nécessitent aucun triomphalisme.
Les aspects non glorieux de la gouvernance
Si pour le Secrétaire général de la Confédération des syndicats autonomes du Bénin (Csa-Bénin) quelque chose a été faite au cours des 8 dernières années, tout pour autant n’est pas rose.
« Cependant, il est de mon devoir de souligner les aspects de la gouvernance qui nécessitent moins de triomphalisme et plus d’humilité », a souligné le responsable syndical.
En guise d’illustration, il souligne la pauvreté qui aurait augmenté depuis 2016, comme le montrent les statistiques officielles de l’INSTaD, avec plus de 40 % de la population rurale vivant dans la pauvreté aujourd’hui au Bénin.
En 2024, les tracasseries insupportables pour les producteurs de soja et autres produits agricoles ont érodé leur confiance en l’État pour les soutenir, ajoute le syndicaliste comme aspect non glorieux de la gouvernance.
« La situation de détresse des transporteurs et de leurs familles, causée par la tension avec le Niger, est préoccupante. Ils sont malheureusement abandonnés par le gouvernement, qui ne leur apporte aucune assistance ou soutien« , souligne également Anselme Amoussou.
Les réformes structurantes de notre système éducatif, a poursuivi Anselme Amoussou restent des promesses à un an de la fin du mandat. « Bien que le chef de l’État semble satisfait de la rareté des grèves, son gouvernement peut-il citer un seul résultat concret en matière d’adéquation formation-emploi ? Les trente lycées techniques annoncés sont toujours attendus« , faut-il remarquer.
À la place, nous assistons à une élitisation de notre système éducatif, avec un encouragement à la création d’établissements privés coûteux proposant des programmes de formation étrangers., se désole-t-il.
Allant plus loin, il souligne que le pré-scolaire est abandonné, sans personnel, sans recrutement, sans perspective. ll en est de même du programme d’enseignement de l’anglais au primaire, abandonné sans motif officiel.
« Il faut rappeler au chef de l’État qu’en 2024, le Bénin s’est illustré par des violences policières et des actes de barbarie à l’encontre de travailleurs manifestants pacifiques. Des responsables syndicaux ont été détenus arbitrairement pendant des heures, et ce bilan méritait de figurer dans l’allocution de l’autorité en termes de mea culpa« , souligne Anselme Amoussou.
En outre, martèle t-il, il est impératif de souligner les violations flagrantes des libertés démocratiques qui ont marqué cette année. « Les droits fondamentaux à la liberté d’expression et de manifestation ont été bafoués à plusieurs reprises », faut-il remarquer.
Il souligne également comment aspects non glorieux, des arrestations arbitraires de citoyens et d’activistes, ainsi que la répression violente des manifestations pacifiques qui constituent des atteintes graves à la démocratie.
« Enfin, je dois avouer que tout le contenu du discours a été éclipsé par le passage où le chef de l’État se présente comme un opposant à tout consensus politique et à tout dialogue inclusif. Il a clairement indiqué qu’aucun compromis politique ne serait fait au détriment du développement du pays », souligne t-il avant de conclure en se demandant si le développement ne passe-t-il pas par l’apaisement social et la paix ?