Autrefois connues pour leur animation de la vie sociopolitique nationale au Bénin, les Organisations de la société civile (OSC), sont de plus en plus aphones sur des sujets préoccupants.
Si elles se contentent juste à établir des rapports sur la situation de la violation des droits humains au Bénin, comme s’y plaisent certaines, c’est qu’elles auront failli à leur mission vis-à-vis des citoyens. Curieusement, même les plus officiellement investies sur la question qui ont pouvoir de se constituer partie face à des questions liées à la violation des droits humains de tiers sont aux abonnés absents.
Leurs rapports et autres, ne se résument donc, qu’à justifier les ressources à elles accordées par l’Etat ou des partenaires techniques et financiers, qui les appuient dans le domaine. De ce fait, elles ne sont d’aucune utilité pour des personnes qui se retrouvent dans le champ d’abus de leurs droits, même les plus élémentaires.
A plus forte raison, quand il s’agit du droit de la masse qui est hypothéqué. Ce, avec des conséquences probables sur la stabilité sociopolitique.
N’en font elles pas déjà assez ?
C’est la logique de la veille permanente, qui est l’essence de la vitalité démocratique. Alors, quand des pans entiers chargés de la veille citoyenne se résument au mutisme sous quelque prétexte que ce soit, autant ne pas exister serait mieux. Car, la règle ce ne sont pas les rapports, qui peuvent être des exercices de bilan périodique, mais plutôt la proactivité face à des situations préoccupantes.
Pourtant présenté comme un «Â pays d’exception », au lendemain de l’éclatement du dossier « Frère Hounvi », c’est une dizaine d’organisations de la société civile du Togo qui est montée au créneau pour fustiger la situation. Allant jusqu’à interroger la complicité éventuelle du régime de Lomé. Une sortie qui a fait bouger les lignes et emmené les autorités du pays à faire des clarifications sur le sujet.
Pendant ce temps au Bénin, il n’y a eu que l’ordre des avocats qui est monté au créneau dès les premières heures, suivi de quelques centrales syndicales des jours plus tard, pour exiger le respect de la procédure en la matière dans l’interpellation judicaire du mis en cause et dénoncer la violation de ses droits ; invitant les autorités compétentes à s’expliquer et agir en conséquence.
Décrépitude désespérante ?
Au Bénin, le cours de certains sujets d’intérêt général emmène à se demander, s’il existe encore d’organisations de la société civile dans le pays.
Depuis avril 2016, il y a comme un enlisement de l’activisme des Organisations de la société civile sur l’espace public.
Quelques rares organisations ou initiatives isolées, qui de ce fait malgré la pertinence de leur cause sur la gouvernance publique, passent très vites comme une goutte d’eau dans la mer, si elles ne sont tournées à dérision ou prises en sandwich. On se souvient de comment un communiqué présenté signé de divers OSC lors d’un vote au parlement, a donné lieu à une avalanche de démentis d’organisations qui ont déclaré ne pas en être signataires par la suite. Une initiative peut être pour forcer les pas aux brebis qui refusent de sortir de l’enclos.
Tout récemment, il s’est observé une levée de bouclier contre la Conférence épiscopale du Bénin, qui a organisé un Colloque sur la relecture du code électoral, sans que des OSC qui interviennent sur le sujet ne pipent mot.
Syndrome de peur bleu ?
Même pas un simple communiqué n’a filtré depuis plus de deux semaines qu’un dossier agite l’opinion au Bénin, de très respectables organisations de la société civile béninoise qui cavalent à prétendre défendre les droits humains. Et pourtant, ce ne sont pas les sujets qui font défaut pour une prise de position publique en vue de la préservation de l’Etat de droit et des libertés publiques.
Sans voix dans leur ensemble, on se demande si finalement elles ont fait l’option du mutisme ou c’est l’expression d’une situation ambiante dans le pays.
Malheureusement, ces dernières qui ont mission de porter la voix de l’opinion, se refusent de jouer pleinement leur rôle pour raser les murs. Une image pas trop digne du Bénin connu pour son attachement à la démocratie, au respect des droits humains et aux libertés.
« On dit toujours que ça n’arrive qu’aux autres. Jusqu’au jour où les autres, c’est toi ».