Lundi soir, à Tripoli, le Bénin a validé son billet pour la CAN 2025 au Maroc après un match nul (0-0) face à la Libye. Mais cette performance a été éclipsée par de graves incidents: le staff technique et les joueurs béninois ont été agressés après la rencontre, un épisode qualifié de « scandaleux » par le sélectionneur Gernot Rohr.
Le climat tendu a débuté dès le match avec des projectiles lancés depuis les tribunes et un comportement hostile des supporters libyens. Après le coup de sifflet final, la situation a dégénéré. En rejoignant les vestiaires, des membres du staff béninois ont été agressés, notamment l’analyste vidéo tunisien pourchassé et frappé par des Libyens, dont le sélectionneur local.
L’équipe a dû se barricader dans son vestiaire pendant deux heures pour échapper à la violence. « En rentrant aux vestiaires, de nouveaux projectiles, notamment des bouteilles d’eau, ont été lancés par des spectateurs. Puis des membres du staff technique ont été agressés par des libyens, notamment notre analyste vidéo tunisien. Il a été pourchassé, notamment par le sélectionneur libyen (Nasser Al-Hadhiri, ndlr), et frappé par des individus. Puis nous avons réussi à nous enfermer dans notre vestiaire, pendant près de deux heures, le temps que ça se calme, mais à l’extérieur, c’était encore chaud, on entendait les insultes« , a raconté le sélectionneur national du Bénin, Gernot Rohr, dans une interview exclusive accordée à Afrik-Foot.
Dans le bus censé les ramener à l’hôtel, de nouveaux incidents ont éclaté. Des policiers, censés protéger la délégation, ont agressé les membres du personnel, matraquant plusieurs personnes, dont Gernot Rohr et l’entraîneur des gardiens Enrico Pionetti.
« Avant de monter dans le bus, sur le chemin menant des vestiaires à ce véhicule, les agressions ont repris, des membres de notre staff ont reçu des coups, par des policiers, mais aussi par des joueurs remplaçants libyens. Je ne sais pas s’il s’agissait des mêmes, mais plusieurs policiers sont montés à l’avant du bus, très agressifs. Comme j’étais assis au premier rang, j’ai pris un coup de matraque sur le bras. Puis d’autres membres du staff technique ont été frappés, dont Enrico Pionetti, l’entraîneur des gardiens, qui a reçu un coup à la tête. Un des membres de notre sécurité a lui-aussi été visé. Cela a duré quelques minutes, mais je peux vous dire que ça a été très long. En tout, il y a quatre personnes qui ont été frappées et blessées par des policiers lesquels, je le rappelle, étaient là pour nous protéger. C’est vraiment scandaleux« , a-t-il ajouté.
Une demande de sanctions
Le technicien franco-allemand pointe par ailleurs la passivité du commissaire au match de la CAF, accusé de favoriser les Libyens. Gernot Rohr appelle désormais l’instance africaine à sanctionner sévèrement ces violences, rappelant que d’autres sélections, comme le Cameroun ou le Nigeria, ont déjà rencontré des problèmes similaires en Libye.
« On ne peut pas jouer dans un pays où il n’y a pas de sécurité », a-t-il déclaré, visiblement marqué par l’expérience. Le gouvernement béninois a réagi en affrétant un avion spécial pour rapatrier l’équipe en toute sécurité à Cotonou.
Ces incidents soulèvent une nouvelle fois la question de la sécurité des équipes évoluant dans certains pays, mettant la CAF face à ses responsabilités à l’approche de la CAN 2025.