Le ministre conseiller à la défense et ancien député, Rachidi Gbadamassi, s’est présenté ce jeudi 13 février 2025 devant la Cour constitutionnelle pour répondre à cinq recours déposés contre lui. Les requérants l’accusent de violations de plusieurs articles de la Constitution béninoise, notamment ceux relatifs à la probité et à la préservation de la paix sociale.
Les plaignants reprochent à Rachidi Gbadamassi d’avoir tenu des propos injurieux à l’encontre de l’ex-président de l’Assemblée nationale, Adrien Houngbédji, au lendemain de sa prise de position sur le procès Boko-Homéky et la situation des prisonniers et exilés politiques. L’un des recours souligne que Gbadamassi s’en est attaqué à la personne de Houngbédji, plutôt qu’à ses déclarations, ce qui constituerait une atteinte aux principes de respect et de dignité inscrits dans la Constitution.
Un autre requérant estime que de tels propos, tenus par un haut responsable de l’État, ne sont pas compatibles avec l’exigence de probité et de responsabilité que la Constitution impose aux détenteurs de fonctions publiques. Il souligne également que ce type de discours pourrait exacerber les tensions politiques et compromettre la cohésion nationale.
« J’assume tout ce que j’ai dit »
Face aux accusations, Rachidi Gbadamassi n’a pas reculé. Devant la Cour, il a réaffirmé ses propos en déclarant : « J’assume tout ce que j’ai dit contre Adrien Houngbédji ». Selon lui, ses critiques ne sont que des réponses politiques à des déclarations politiques.
L’ancien député rappelle qu’Adrien Houngbédji a changé de position à plusieurs reprises au cours de sa carrière, évoquant notamment sa démission du gouvernement et son revirement vis-à-vis de l’Union fait la Nation après en avoir été candidat. Gbadamassi insiste sur le fait qu’il s’est exprimé en tant que membre du Bloc Républicain et non en sa qualité de ministre conseiller.
Dans sa défense, Rachidi Gbadamassi affirme qu’Adrien Houngbédji, en qualifiant Olivier Boko de « victime » et en critiquant la justice, a franchi une ligne rouge. « En quelle qualité critique-t-il la justice ? Il sait qu’il n’a pas le droit de dire ça », a-t-il lancé devant les Sages. Pour lui, l’ancien président de l’Assemblée nationale manipule l’opinion en dénigrant des lois qu’il a lui-même contribué à adopter lorsqu’il dirigeait le Parlement.
Son avocat a, quant à lui, plaidé en faveur de son client, rejetant toute intention de troubler la paix sociale. Selon lui, les déclarations de Gbadamassi n’incitent ni à la violence ni à la confrontation, mais relèvent du débat politique. Estimant que les recours déposés contre lui sont infondés, Rachidi Gbadamassi a demandé à la Cour constitutionnelle de se déclarer incompétente pour juger cette affaire. Selon lui, les plaignants cherchent à le réduire au silence et à l’empêcher de participer au débat politique, ce qui constituerait une entrave à la liberté d’expression.
À l’issue de l’audience, la Cour a décidé de reporter l’examen du dossier au 20 février 2025. Le conseiller rapporteur devra alors présenter son rapport, et la juridiction pourra rendre son verdict.