Élue maire d’une ville afghane en 2018, Zarifa Ghafari est depuis ce jour-là, la cible de nombreuses attaques. Alors que les talibans ont pris le contrôle du pays, le destin de cette jeune femme préoccupe le monde entier.
Depuis 2018, Zarifa Ghafari est la maire de Maidan Shar, une ville de 50 000 habitants située dans le Wardak, à une cinquantaine de kilomètres de Kaboul. En 2020, elle a reçu l’International Women of Courage Award, décerné par les États-Unis à des femmes aux « accomplissements extraordinaires ». Zarifa Ghafari a expliqué au quotidien iNews qu’elle n’avait pas essayé de fuir le pays et attend que les talibans viennent la tuer.
« Je suis assise ici à attendre qu’ils viennent (les talibans). Il n’y a personne pour m’aider ou aider ma famille », a-t-elle déclaré au quotidien britannique. « Je suis juste assise avec eux et mon mari. Et ils viendront pour des gens comme moi et me tueront. Je ne peux pas quitter ma famille. Et de toute façon, où irais-je ? », a ajouté la jeune maire de 27 ans.
Elle n’a ensuite plus été en capacité de leur parler. Samedi sur Twitter, elle se disait déjà « prête à rester ici jusqu’aux derniers moments de [sa] vie ».
My dear homeland,
— Zarifa Ghafari (@Zarifa_Ghafari) August 14, 2021
I know you are suffering and in pain 😢
I know it is hard for you because strangers burn you and seek your destruction 😢
But your real children who are looking to build you are very hard but with full courage trying to pull you out of these bad days 😠pic.twitter.com/paQh0Nry4f
Son père, le général Abdul Wasi Ghafari, a été abattu le 15 novembre 2020 par les talibans. Actuellement, Zarifa Ghafari s’est vu confier un emploi dans la sécurité relative du ministère de la Défense à Kaboul, avec la responsabilité du bien-être des soldats et des civils blessés dans les attaques terroristes. Il y a trois semaines, la jeune maire déclarait à iNews : « Les jeunes sont conscients de ce qui se passe. Ils ont les réseaux sociaux. Ils communiquent. Je pense qu’ils continueront à se battre pour le progrès et nos droits. Je pense qu’il y a un avenir pour ce pays. »
Les talibans assurent que les femmes pourront travailler
Le cas de Zarifa Ghafari fait réagir à l’international, alors que les inquiétudes grandissent concernant la situation des femmes en Afghanistan. Avec l’arrivée des talibans à Kaboul, les experts s’attendent à un recul du droit des femmes, une image dont les concernés tentent de se défaire. L’un de leurs porte-paroles, Suhail Shaheen, a déclaré à la BBC que les droits des femmes seraient préservés. « Notre politique est que les femmes peuvent avoir accès à l’éducation, à l’emploi. Bien sûr elles porteront le hijab », a-t-il dit à l’antenne dimanche.
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, se disait déjà « horrifié » vendredi dernier par les informations sur des violations des droits des femmes en Afghanistan par les talibans. « Je suis profondément préoccupé par les premières informations selon lesquelles les talibans imposent de sévères restrictions aux droits humains dans les zones qu’ils contrôlent, a déploré le chef de l’ONU devant la presse. Il est particulièrement horrifiant et déchirant de voir que les droits durement acquis par les filles et les femmes afghanes sont en train de leur être enlevés. ».