Le procès de Olivier Boko et Oswald Homeky pour complot contre l’autorité de l’État a connu un moment crucial ce jeudi 30 janvier 2025, lorsque les prévenus ont été invités à livrer leurs derniers mots avant que la Cour ne rende son verdict.
Face aux réquisitions sévères du ministère public, qui a requis 10 ans de réclusion criminelle contre eux et 20 ans contre Rock Niéri, les deux principaux accusés ont plaidé leur innocence et dénoncé une affaire « cousue de fil blanc ».
Olivier Boko : « Je suis innocent »
Invité à la barre, Olivier Boko a fermement contesté les accusations portées contre lui. « Je suis innocent », a-t-il déclaré avec insistance, rejetant toute implication dans un projet d’attentat contre l’autorité de l’État. Il a critiqué la logique du ministère public qui, selon lui, fait de sa richesse un élément à charge. « Nous ne sommes pas dans un procès de richesse ou de pauvreté », a-t-il lancé en réponse aux arguments du procureur spécial Mario Mètonou.
L’homme d’affaires est également revenu sur les circonstances de son interpellation, qu’il qualifie de suspectes. Il a révélé avoir récemment voyagé à Casablanca, avant de recevoir un appel du président Patrice Talon, qui lui aurait demandé de rentrer à Cotonou pour suivre les délibérations de l’Assemblée nationale sur la composition du Conseil économique et social.
« Si j’avais quelque chose à me reprocher, je ne serais pas rentré au Bénin », a-t-il martelé, soulignant qu’il était même prêt à se rendre chez le président dans la nuit de son arrestation. C’est en chemin qu’il aurait été brutalement arrêté par des forces de l’ordre à proximité de la direction générale de la SONEB, pensant d’abord à un braquage avant de se retrouver conduit dans les locaux de la police républicaine.
« Ne me condamnez pas par déduction », a-t-il imploré, estimant que le dossier repose sur des présomptions et non sur des preuves tangibles. Il a également rappelé que le colonel Tévoédjrè, principal témoin dans l’affaire, a affirmé ne jamais avoir parlé de coup d’État avec lui.
Oswald Homeky : « Le pouvoir mange ses propres enfants »
À son tour, Oswald Homeky a dénoncé des témoignages montés contre lui, remettant en cause l’intégrité du commandant de la garde républicaine, Dieudonné Tévoédjrè. Avec une pointe d’ironie, il a déclaré : « Si c’est ainsi que mon ami souhaite avoir ses galons de général, je lui souhaite bonne chance ».
L’ex-ministre des Sports s’est présenté comme une victime d’un système qui, selon lui, sacrifie même ses propres enfants les plus loyaux. « Le pouvoir mange ses propres enfants les plus légitimes et les plus loyaux qui, par un concours de circonstances, deviennent des victimes », a-t-il affirmé, suggérant qu’il serait la cible d’un règlement de comptes politique.
Répondant à l’accusation du procureur selon laquelle ses largesses financières envers le commandant Tévoédjrè trahissaient une volonté de le corrompre, il a lancé : « On n’a pas besoin d’être riche pour être généreux ».
Suspension du procès, le verdict attendu
Après ces déclarations, la Cour a suspendu l’audience. Le verdict est désormais attendu, et il pourrait tomber dans les prochaines heures. Un tournant décisif dans ce procès qui fait trembler la sphère politique béninoise.