Le retour tant attendu de l’ancien président burundais Pierre Buyoya, décédé du Covid-19 en 2020, pour une inhumation discrète dans son pays natal a finalement été effectif. Sa dépouille est arrivée mardi à Bujumbura après quatre ans d’inhumation au Mali.
Pierre Buyoya, président du Burundi à deux reprises (1987-1993 et 1996-2003), est décédé à l’âge de 71 ans du Covid-19 en décembre 2020 en France. En raison de sa condamnation par contumace à la perpétuité pour l’assassinat de Melchior Ndadaye, premier président démocratiquement élu du Burundi en 1993, Buyoya n’avait pas pu être enterré dans son pays natal. L’ancien président, également Haut représentant de l’Union Africaine pour le Mali et le Sahel, avait été inhumé à Bamako, loin de sa terre natale.
Le rapatriement de sa dépouille a été organisé par sa famille, et l’arrivée à Bujumbura s’est déroulée sans la présence d’officiels, selon un proche ayant requis l’anonymat. Les autorités burundaises ont néanmoins assuré toutes les mesures administratives et de sécurité nécessaires. Pierre Buyoya doit être inhumé ce mercredi dans la plus stricte intimité familiale à Rutovu, au sud du Burundi.
Un héritage contrasté
Militaire de carrière et membre de la minorité tutsi, Buyoya avait marqué son premier mandat par l’ouverture démocratique du Burundi, conduisant à l’élection et à l’assassinat de Ndadaye, événement tragique qui déclencha une guerre civile meurtrière. Son second mandat a été notable pour les accords d’Arusha en 2000, qui ont mis fin à la guerre civile en 2003. Depuis 2005, le Burundi est dirigé par le CNDD-FDD, parti issu de l’ancienne rébellion hutu, souvent accusé de réprimer toute voix dissidente.
Le président actuel, Evariste Ndayishimiye, a succédé à Pierre Nkurunziza en 2020. Bien que l’arrivée de Ndayishimiye au pouvoir ait été perçue par la communauté internationale comme une ouverture, une commission d’enquête de l’ONU affirmait en septembre 2021 que la situation des droits humains restait « désastreuse » au Burundi.