L’ancien président de la république, Boni Yayi, assisté de certains responsables du parti Les Démocrates ont échangé cette semaine avec les militants du parti à Porto Novo. L’occasion pour le président du parti de rappeler ce qui justifie son activisme politique au sein du parti de l’opposition.
L’amour du Bénin et des béninois serait le seul mobile qui justifie l’activisme politique de Boni Yayi. C’est du moins ce qu’il a tenté de défendre cette semaine devant les militants au siège du parti à Porto Novo.
C’est à cause de vous que je suis encore là, affirme-t-il aux militants et à travers eux à tout le peuple béninois. « J’aurais pu aller à Séoul ou en Corée du Sud et gagner 50 millions chaque mois et dire tant pis à ce qui se passe au Bénin, mais j’ai refusé pour pouvoir être avec vous parce que pendant 10 ans vous avez été avec moi« .
Pour l’ancien président Boni Yayi, le contexte politique actuel du Bénin l’oblige à militer dans un parti politique comme l’a fait en son temps son aîné, le président Nicéphore Soglo. « Je ne peux pas me taire. ce Bénin là, mes chers parents, je voudrais le dire à qui veut m’entendre de ne pas céder aux injures, aux intimidations. Moi, j’aime le Bénin, moi j’aime les béninois« , laisse entendre l’ancien chef d’Etat faisant certainement allusion aux propos de Mgr Antoine Gaye, qui, s’adressant au président Patrice Talon, affirme qu’il a comme l’impression qu’il aime le Bénin mais n’aime pas les béninois.
Le combat que semble mener Yayi Boni
Dans son échange avec les militants de Porto Novo, Boni Yayi estime que son militantisme politique est orienté dans la défense des intérêts du Bénin. « Je veux que les richesses du Bénin soient gérées pour les béninois et par les béninois et que nos ressources soient partagées dans l’égalité des chances« .
Pour l’ancien chef d’Etat, il n’est pas question de se taire quand les choses ne vont pas bien dans la République. A l’en croire, le Bénin est tombé dans une république des lois. « …C’est à dire quelqu’un qui s' »assied et dit c’est ce qui m’arrange« . Le président de la République martèle-t-il est le garant de l’intérêt général. C’est pourquoi, indique-t-il, il est triste de ce qui arrive.
« J’aimez bien le président Talon, il est une créature de Dieu. Je ne peux pas chercher à lui faire du mal parce que la Bible dit qu’il faut aimer (…) mais il faut haïr le mal« .
Pour Boni Yayi la question de la démocratie se pose, la question de la paix se pose, la question de l’économie, la question de la sécurité se pose … dans le pays… Et c’est le devoir des béninois de le dire au chef de l’Etat. « Nous sommes attachés à la république, nous sommes attachés à notre pays« , insiste-t-il devant les militants démocrates.
Ce que demande Boni Yayi au pouvoir…
Pour Boni Yayi, le parti Les Démocrates n’est pas là pour distraire le chef de l’Etat, pour l’empêcher de diriger le Bénin encore moins pour semer le trouble dans le pays. Pour Boni Yayi, tout ce qui est demandé est de construire ensemble le Pays, de faire les choses dans le consensus pour leur durabilité comme c’était le cas en 1990 lors de la conférence des forces vives de la Nation.
« Les lois que vous prenez avec la force ou par l’argent, lorsque vous ne serez plus là après votre mandat, ces lois deviennent des chiffons parce que le pouvoir qui va s’installer va naturellement les remettre en cause mais si c’était consensuel comme en 1990… »
…Pas de débat sur 2026
Pour Boni Yayi, il est claire comme l’eau de roche qu’en 2026, conformément à la constitution, le président Patrice Talon quitte le pouvoir. Pour lui, il n’y a pas de débat là-dessus.
« Personne ne refuse à quelqu’un d’avoir son candidat. Tout le monde est libre de suivre un candidat. Mais ce qui est important, je le rappelle une fois de plus, c’est le peuple qui en a les prérogatives.«
« Et pour se faire, il faut un code électoral consensuel et équitable pour garantir la paix; Je ne peux pas avoir gouverné le pays pendant 10 ans et revenir le brûler. C’est pourquoi je suis venu lui dire, Monsieur le président, mon cher frère bien-aimé, les exclusions dans tous les domaines surtout les exclusions électorales ne garantissent pas la paix. Ca crée des frustrations qu’on ne peut pas contenir »
C’est pourquoi conclut-il, il a choisi le canal du parti Les Démocrates pour attirer l’attention du président de la République sur les conséquences des exclusions et l’inviter à revoir la gouvernance.