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Chronique

Mouvement syndical étudiant en Afrique : la fin ?

Par
Anges Banouwin
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Autrefois considéré comme un cadre de formation privilégié pour l’élite politique africaine, le mouvement syndical estudiantin est aujourd’hui remis en question dans de nombreux pays. Des gouvernants semblent s’efforcer de désactiver ces organisations, perçues désormais sous un angle controversé.

Accusés de se transformer en milices, de susciter des troubles universitaires ou d’adopter un activisme politique problématique, les syndicats étudiants sont de plus en plus critiqués. En octobre dernier, le gouvernement ivoirien a suspendu les activités des associations syndicales estudiantines sur tout le territoire national. Cette décision, annoncée par un communiqué conjoint des ministères de l’Intérieur et de l’Enseignement supérieur, est intervenue après l’assassinat de Deagoue Zigui Mars Aubin, alias « Général Sorcier », membre de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI). Ce drame, survenu dans la nuit du 29 au 30 septembre, a été attribué à des membres de cette organisation, selon un rapport de la police.

Cette situation a relancé le débat sur la pertinence des syndicats étudiants et leurs impacts dans les universités africaines.

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Un phénomène à effet domino ?

Le rôle historique des syndicats étudiants dans la vie sociopolitique de pays comme la Côte d’Ivoire ou d’autres États de la sous-région est indéniable. Cependant, leur proximité avec les sphères politiques et leurs activités paramilitaires suscitent aujourd’hui de nombreuses critiques.

Au Bénin, en juillet 2022, les faîtières des organisations estudiantines ont été sommées de dissoudre les groupes paramilitaires en leur sein, sous peine d’être tenues responsables des éventuelles conséquences. Cette mesure, bien accueillie par certains étudiants sur les réseaux sociaux, a toutefois été dénoncée par les leaders syndicaux, qui estiment qu’elle affaiblit le mouvement étudiant. Déjà en octobre 2016, le gouvernement béninois avait interdit les activités des syndicats estudiantins dans les universités nationales avant d’en restructurer le fonctionnement. Mais cette interdiction avait été déclarée inconstitutionnelle par la Cour constitutionnelle cinq mois plus tard.

Rien d’utile comme apports ?

Malgré les critiques, les syndicats estudiantins jouent un rôle clé dans les universités. Ils permettent à leurs membres d’acquérir des compétences para-académiques et de se préparer à la vie socioprofessionnelle. Ils sont souvent à l’avant-garde pour défendre les droits des étudiants, lutter contre les injustices, et assurer une certaine discipline au sein des campus, tout en respectant les franchises universitaires.

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Cependant, ces aspects positifs sont souvent éclipsés par des événements négatifs, tels que des affrontements violents avec les forces de l’ordre, des manifestations parfois non pacifiques, ou des guerres de leadership internes. Ces incidents alimentent les arguments des autorités pour justifier la suspension ou la restructuration de ces organisations.

Un produit des circonstances ?

De nombreux parents mettent en garde leurs enfants contre toute proximité avec les syndicats étudiants, souvent perçus comme des foyers de violences ou de troubles. Cette méfiance s’ajoute à un autre facteur : l’entrée précoce à l’université, parfois dès l’âge de 17 ou 18 ans, affaiblit le militantisme étudiant, en dépit du culte de la jeunesse qui prédomine dans la société.

Paradoxalement, les enjeux démocratiques ne résident plus aujourd’hui dans la conquête de nouveaux droits, mais dans la préservation et le renforcement des acquis. Comme le résume Ibn Khaldoun : « Les temps difficiles créent des hommes forts. Les hommes forts créent les périodes de paix. Les périodes de paix créent les hommes faibles. Les hommes faibles créent les temps difficiles. »

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Volonté de nivellement ?  

Les gouvernements semblent de plus en plus hostiles aux syndicats étudiants, souvent perçus comme des contre-pouvoirs ou des alliés de l’opposition. La réduction de ces organisations au silence peut apparaître comme une stratégie de contrôle. Cependant, les violences internes et les rivalités entre organisations étudiantes légitiment en partie les inquiétudes.

Malgré tout, leur utilité dans la vie universitaire reste indéniable. Le défi consiste aujourd’hui à repenser leur rôle afin qu’ils s’adaptent aux contextes actuels. Si ces syndicats ont marqué l’histoire en Afrique, ils ont encore le potentiel de contribuer positivement au développement des sociétés. Comme le rappelle un proverbe africain : « Une mer calme ne forme pas de bons marins. »

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