La délégation américaine conduite par la sous-secrétaire d’État responsable de l’Afrique a trouvé porte close au palais présidentiel. Le nouvel homme fort du Niger a refusé de la recevoir, obligeant la délégation à repartir jeudi 14Â mars au soir, sans garantie pour l’avenir de la présence militaire américaine dans ce pays.
Au Niger, les militaires au pouvoir opposent toujours un non catégorique aux conditions posées par les diplomates occidentaux comme ouest-africains, missionnés à Niamey pour tenter tantôt d’obtenir un retour à l’ordre constitutionnel, tantôt un maintien des partenariats. Du mardi 12 au jeudi 14 mars, c’est le sort qui a été réservé à une importante délégation américaine par le régime militaire nigérien, qui refuse jusqu’à présent de libérer le chef d’Etat déchu Mohamed Bazoum et sa femme, toujours retenus dans l’enceinte du palais présidentiel.
A Niamey, la secrétaire d’Etat adjointe aux affaires africaines, Molly Phee, accompagnée de la secrétaire d’Etat adjointe à la défense, Celeste Wallander, et du général Michael Langley, le patron du commandement des Etats-Unis pour l’Afrique (Africom), a rencontré à deux reprises le premier ministre du gouvernement de transition, Ali Mahamane Lamine Zeine, ainsi que des militaires du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, l’organe décisionnaire de la junte. Avec un objectif affiché publiquement par le département d’Etat américain : négocier «Â le retour du Niger sur la voie de la démocratie et l’avenir [du] partenariat [avec les Etats-Unis] en matière de sécurité et de développement ».
Après trois jours sur place, les officiels américains sont repartis bredouilles de ce séjour dont les contours semblaient mal définis. Selon un conseiller du gouvernement de transition joint par «Â Le Monde Afrique », la délégation américaine a «Â dit vouloir reprendre la coopération militaire avec le Niger », après que celle-ci a été suspendue par l’administration de Joe Biden au lendemain du coup d’Etat. Mais à une condition, selon lui : que la junte puisse garantir à Washington que ses quelque mille soldats présents dans le pays «Â ne soient pas au même endroit, sur le même terrain, que les Russes ».
Cette conditionnalité a manifestement irrité le régime nigérien qui ne cesse de se rapprocher de Moscou, notamment sur le plan militaire, depuis son arrivée au pouvoir. «Â On leur a dit leurs quatre vérités. Ce n’est pas la peine de venir chez nous pour nous faire des injonctions. C’est à nous de décider des termes de la présence étrangère sur notre sol ! », raconte la même source. Pour afficher sa fermeté, le régime dirigé par le général Abdourahamane Tiani a opposé, selon nos informations, une fin de non-recevoir au souhait de la délégation américaine de le rencontrer.