Le Niger a récemment conclu un accord avec la China National Petroleum Corporation (CNPC) pour recevoir une avance de 400 millions de dollars sur les futures ventes de pétrole brut, suscitant à la fois espoirs et inquiétudes quant à la gestion des ressources pétrolières du pays.
Le 12 avril 2024, le Premier ministre nigérien Ali Mahaman Lamine Zeine et le président de la China National Petroleum Corporation (CNPC), Zhou Zuokun, ont signé trois accords pour la commercialisation conjointe du pétrole brut nigérien. Ces accords portent sur un mémorandum d’entente entre la Chine et le Niger, un contrat de paiement d’une avance de 400 millions de dollars sur la quote-part du Niger du brut et un contrat de commercialisation conjointe du brut.
A cet effet, la Chine a versé une avance de 400 millions de dollars dans le cadre d’un contrat de paiement, qui sera remboursé par les recettes générées par la vente du brut sur le marché international. Cette somme sera remboursée sur douze mois avec un taux d’intérêt de 7%. Après les 12 mois, le Niger décidera de rechercher lui-même les partenaires avec lesquels il exportera son pétrole, mais si les chinois offrent des conditions tout aussi intéressantes le moment venu, ils seront d’office adjudicataires.
Initialement, cet accord devrait permettre à la junte nigérienne de faire fonctionner son administration pendant les prochains mois, au Bénin d’avoir des rentrées fiscales, et à la Chine, principal investisseur au Niger tous secteurs confondus, de rentabiliser son investissement. Il pourrait aussi être un moyen d’attirer le Niger à revenir à la table des négociations pour réintégrer la CEDEAO.
Utilisation des fonds
Selon le Premier ministre nigérien Ali Mahaman Lamine Zeine, les fonds issus de l’avance de 400 millions de dollars seront utilisés de manière transparente, avec un accent sur plusieurs priorités clés pour le pays dont le renforcement de la sécurité et de la défense du territoire nigérien, qui est la priorité numéro un du gouvernement dans cette période. Des acquisitions seront également faites pour sécuriser le territoire et garder les frontières.
Le ministre avait aussi fait savoir que des investissements seront réalisés dans le développement agricole et la création d’infrastructures de production. Ces dépenses seront inscrites dans la loi de finances en cours. Il y aura aussi l’amélioration de l’offre médicale afin de mieux répondre aux besoins des populations et la création d’un levier financier pour le dégel des financements à venir et le soutien aux opérateurs économiques.
Le Premier ministre avait assuré que l’ensemble de ces ressources seront utilisées de la manière la plus parcimonieuse, transparente et honnête possible, sous la supervision du chef de l’État et du gouvernement. Une partie des fonds servira également à honorer des engagements pris avant l’arrivée au pouvoir de la junte, bien que les détails de ces engagements n’aient pas été précisés.
Payer des dettes
Selon la journaliste et bloggeuse nigérienne, cette somme considérable a été transférée via le circuit normal à la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et fera objet d’une intégration dans le budget national par une loi de finances rectificative. Aussi, fait-elle savoir, une grande partie de ces fonds a déjà été utilisée pour rembourser les dettes contractées auprès des banques, des institutions financières et des entreprises, tant au niveau local qu’international.
Pour rappel, la dette publique du Niger était évaluée à 3.328,7 milliards de FCFA à la fin juin 2020, représentant 42,5% du Produit Intérieur Brut (PIB). L’avance de 400 millions de dollars doit être remboursée sur une période de douze mois, avec un taux d’intérêt de 7%. Samira Sabou observe que cette injection de liquidités pourrait jouer un rôle crucial dans la revitalisation économique du pays.
Notons que l’accord pétrolier entre le Niger et la Chine intervient dans un contexte politique et économique complexe. Depuis le coup d’État de juillet 2023, le pays fait face aux effets des sanctions régionales imposées par la CEDEAO, rendant difficile la gestion économique. Malgré la levée des sanctions, la frontière entre le Niger et le Bénin reste fermée, compliquant l’acheminement du pétrole via l’oléoduc de 2 000 km jusqu’au port de Sèmè.