Le retrait plus ou moins attendu de Joe Biden de la course à la présidentielle américaine de 2024 a tout de même provoqué un séisme politique aux États-Unis, obligeant le Parti démocrate à se réorganiser rapidement à quelques mois du scrutin. Alors que la vice-présidente Kamala Harris apparaît comme une candidate naturelle pour le remplacer, d’autres figures comme Gavin Newsom ou Gretchen Whitmer pourraient également briguer l’investiture démocrate lors d’éventuelles « mini-primaires » avant la convention nationale du parti en août.
Ce dimanche 21 juillet 2024, le président américain Joe Biden a annoncé son retrait de la course à l’élection présidentielle de 2024, provoquant un séisme politique à moins de quatre mois du scrutin. Dans un communiqué, Biden a déclaré : « Je pense qu’il est dans l’intérêt de mon parti et du pays que je me retire et que je me concentre uniquement sur l’exercice de mes fonctions de président jusqu’à la fin de mon mandat ».
Cette décision fait suite à des semaines de pression croissante au sein du Parti démocrate et à des inquiétudes grandissantes concernant l’état de santé et les capacités mentales du président âgé de 81 ans. Le point de bascule semble avoir été sa performance lors d’un débat télévisé face à Donald Trump fin juin, où Biden est apparu en difficulté, peinant à articuler sa pensée et à défendre son bilan. Les appels au retrait de Biden se sont multipliés après ce débat, émanant de diverses figures du parti, dont d’anciens soutiens comme George Clooney et le comité éditorial du New York Times. Même des figures historiques du Parti démocrate comme Nancy Pelosi et Chuck Schumer ont fini par céder, craignant qu’une défaite de Biden ne conduise à une « vague rouge » au Congrès en novembre.
La situation s’est encore aggravée le 11 juillet lorsque Biden a commis une série de gaffes monumentales, appelant notamment Volodymyr Zelensky « président Poutine » lors d’un sommet de l’OTAN. Ces incidents ont renforcé les doutes sur sa capacité à assumer un second mandat.
Ainsi, le retrait de Biden plonge le Parti démocrate dans l’incertitude à l’approche de l’élection. Le parti doit maintenant trouver rapidement un nouveau candidat capable de faire face à Donald Trump, qui reste le favori du côté républicain malgré ses propres difficultés judiciaires.
Potentiel candidat démocrate
Plusieurs figures démocrates émergent comme candidats potentiels pour l’élection présidentielle de 2024 : Kamala Harris, l’actuelle vice-présidente, apparaît comme la candidate naturelle pour succéder à Biden. Âgée de 59 ans, elle bénéficie d’une forte notoriété et de l’expérience acquise à la vice-présidence. Cependant, sa popularité mitigée et ses performances en tant que vice-présidente pourraient constituer des obstacles.
Gavin Newsom, le gouverneur de Californie, est considéré comme une étoile montante du parti. À 56 ans, il est apprécié pour sa gestion de la Californie et son charisme. Newsom s’est déjà positionné comme un critique de l’administration Trump, ce qui pourrait séduire la base démocrate.
Gretchen Whitmer, gouverneure du Michigan, est également citée comme candidate potentielle. À 52 ans, elle est reconnue pour sa gestion de la pandémie de COVID-19 et sa capacité à remporter des élections dans un État clé du Midwest.
Pete Buttigieg, actuel secrétaire aux Transports, pourrait aussi se présenter. À 42 ans, il représenterait une option plus jeune et dynamique. Son expérience en tant que maire et sa campagne présidentielle de 2020 lui confèrent une certaine notoriété.
Elizabeth Warren, sénatrice du Massachusetts, pourrait tenter à nouveau sa chance. À 74 ans, elle est appréciée de l’aile progressiste du parti pour ses positions sur la régulation financière et l’éducation. Bernie Sanders, bien qu’âgé de 82 ans, reste une figure influente chez les progressistes. Son mouvement « Not Me, Us » pourrait être réactivé, mais son âge avancé pourrait être un frein.
D’autres noms circulent, comme Cory Booker, sénateur du New Jersey, ou Amy Klobuchar, sénatrice du Minnesota, qui avaient déjà participé aux primaires de 2020.
Toutefois, le choix du candidat démocrate dépendra de plusieurs facteurs, notamment la capacité à unifier le parti, à mobiliser les électeurs et à affronter efficacement le candidat républicain, probablement Donald Trump. Les démocrates devront trouver un équilibre entre expérience, charisme et capacité à incarner le changement pour maximiser leurs chances en novembre 2024.
Processus des primaires
Suite au retrait inattendu de Joe Biden, le Parti démocrate se trouve dans une situation sans précédent, devant organiser un processus accéléré de sélection d’un nouveau candidat à moins de quatre mois de l’élection présidentielle. Ce processus, souvent qualifié de « mini-primaires », devra être mené dans un délai extrêmement court avant la convention nationale démocrate prévue du 19 au 22 août 2024 à Chicago.
Le Comité national démocrate (DNC) devra rapidement établir les règles de ce processus exceptionnel. Il est probable qu’une série de caucus et de primaires accélérés soit organisée dans des États clés, permettant aux candidats de se présenter et aux délégués de se positionner. Ce processus pourrait inclure des débats télévisés entre les principaux prétendants, offrant une plateforme pour exposer leurs visions et programmes.
Les États traditionnellement en tête du calendrier des primaires, comme l’Iowa, le New Hampshire, le Nevada et la Caroline du Sud, pourraient jouer un rôle crucial dans cette course accélérée. Cependant, le DNC pourrait également opter pour un processus plus centralisé, donnant plus de poids aux dirigeants du parti et aux superdélégués dans la prise de décision.
Les candidats potentiels auront peu de temps pour monter des équipes de campagne, lever des fonds et élaborer des stratégies. Cette contrainte temporelle pourrait avantager des figures déjà bien établies au sein du parti, comme Kamala Harris ou Gavin Newsom, qui disposent déjà de réseaux et de ressources importants.
Le processus devra également tenir compte des règles de représentation du parti, notamment en termes de diversité ethnique et de genre. Le choix final devra refléter la base électorale diverse du Parti démocrate tout en présentant un candidat jugé capable de battre Donald Trump en novembre.
Cette situation inédite met à l’épreuve la capacité du Parti démocrate à s’adapter rapidement et à présenter un front uni face à l’adversité. L’issue de ce processus accéléré aura des implications majeures non seulement pour l’élection présidentielle, mais aussi pour l’avenir du parti et sa capacité à mobiliser ses électeurs dans un délai très court.
Trump, vent en pourpre ?
Suite à l’annonce du retrait de Joe Biden de la course présidentielle, Donald Trump a rapidement réagi, saisissant l’occasion pour renforcer sa position et attaquer le Parti démocrate. Lors d’un rassemblement en Pennsylvanie, Trump a déclaré que « Joe Biden a finalement admis ce que nous savions tous : il n’est pas apte à diriger ce grand pays. C’est une victoire pour l’Amérique, mais le combat ne fait que commencer. »
Trump a profité de cette situation pour intensifier ses critiques envers l’administration Biden, qualifiant son mandat de « désastre total » et promettant de « réparer les dégâts » s’il est élu en novembre. Il a notamment ciblé la politique économique, l’immigration et la politique étrangère de Biden, affirmant que son retrait était une « admission d’échec ».
Le candidat républicain a également exprimé son scepticisme quant au processus de sélection accéléré du Parti démocrate, le qualifiant de « chaos total » et prédisant des divisions internes. « Ils vont essayer de trouver quelqu’un à la dernière minute, mais c’est trop tard. Le peuple américain voit clair dans leur jeu », a-t-il déclaré.
Trump a saisi cette opportunité pour renforcer son message de campagne, se présentant comme le seul candidat capable de « rendre sa grandeur à l’Amérique » face à ce qu’il décrit comme l’incompétence et la faiblesse des démocrates. Il a appelé ses partisans à se mobiliser davantage, affirmant que cette nouvelle situation rendait sa victoire « inévitable ».
Cependant, certains analystes mettent en garde contre un excès de confiance du camp Trump. Le retrait de Biden pourrait en effet permettre aux démocrates de présenter un candidat plus jeune et dynamique, potentiellement capable de mobiliser de nouveaux électeurs. La réaction de Trump, bien que rapide et agressive, pourrait donc s’avérer prématurée face à un adversaire encore inconnu.