Le Royaume-Uni fait face à sa pire vague d’émeutes depuis plus d’une décennie, avec des violences d’extrême droite éclatant dans plusieurs villes et ciblant particulièrement les communautés immigrantes et musulmanes.
Les troubles ont été déclenchés par un événement tragique survenu à Southport, dans le nord-ouest de l’Angleterre, où un jeune de 17 ans a poignardé plusieurs enfants lors d’un cours de danse, causant la mort de trois jeunes filles. Suite à cet incident, une vague de désinformation s’est propagée sur les réseaux sociaux, accusant à tort un immigrant musulman d’être l’auteur de l’attaque.Â
Ces fausses informations ont rapidement alimenté la colère et les sentiments anti-immigrants, créant un terreau fertile pour les groupes d’extrême droite qui ont exploité la situation pour organiser des manifestations violentes. Initialement organisées via des plateformes comme X, WhatsApp et Telegram, elles ont rapidement dégénéré en violences extrêmes dans plusieurs villes britanniques.Â
Des groupes d’émeutiers ont pris pour cible des hôtels hébergeant des demandeurs d’asile, notamment à Rotherham et Tamworth, où ils ont allumé des incendies, mettant en danger la vie des résidents et du personnel. La violence s’est également propagée à d’autres villes comme Sunderland, Middlesbrough et Stoke-on-Trent, principalement dans les Midlands et le nord de l’Angleterre.
On note ainsi plusieurs attaques contre des mosquées et des communautés musulmanes, des actes de vandalisme de propriétés publiques et des affrontements avec les forces de l’ordre, causant des blessures à plusieurs agents. La police aussi dénoncé l’utilisation d’objets divers comme des projectiles (planches en bois, extincteurs, briques, bouteilles) et a annoncé l’arrestation de plus de 100 personnes au cours du week-end.
Réactions
Face à l’escalade des violences, le Premier ministre Keir Starmer a convoqué une réunion d’urgence du COBRA, rassemblant les principaux acteurs gouvernementaux et les forces de l’ordre pour coordonner la réponse nationale. Un contingent spécial de policiers formés a été déployé pour assister les forces locales dans la gestion des troubles. Les mesures prises comprennent :
- Mise en place d’une « armée permanente » de policiers prêts à intervenir rapidement
- Renforcement de la sécurité des mosquées à travers le pays
- Engagement à appliquer « toute la force de la loi » contre les émeutiers
- Utilisation de technologies de reconnaissance faciale pour identifier les suspects
- Critique des plateformes de médias sociaux pour leur rôle dans la propagation de la désinformation
Starmer a fermement condamné les violences, les qualifiant de « voyous d’extrême droite » et promettant des sanctions rapides et sévères. La ministre de l’Intérieur, Yvette Cooper, a annoncé que les sanctions pourraient aller de l’emprisonnement aux restrictions de voyage
Starmer feux aux fesses ?
Les autorités ont intensifié leurs efforts pour identifier et arrêter les émeutiers, avec plus de 420 personnes déjà appréhendées. Pour contrer la propagation de fausses informations, le gouvernement envisage des mesures plus strictes contre la désinformation en ligne, certaines rumeurs ayant été liées à des activités de bots étrangers.Â
Cette vague de violence lève un voile sur les tensions sociétales profondes au Royaume-Uni, exacerbées par la montée des sentiments anti-immigrants et une polarisation politique croissante. Le parti populiste de droite Reform UK, qui a obtenu le troisième plus grand nombre de voix lors des récentes élections générales, illustre cette tendance. Le Premier ministre Starmer, qui n’est au pouvoir que depuis un mois, est donc confrontée à probablement l’un des plus grands défis de son mandat et chacune des ses actions sera scrutée de près et pourrait avoir des implications significatives pour l’avenir de la cohésion sociale et du multiculturalisme au Royaume-Uni.