L’affaire Louis Philippe Houndégnon, ancien directeur général de la police nationale, met en lumière des dynamiques troublantes au sein de l’entourage du président Patrice Talon. Lors de son procès le lundi dernier, devant la CRIET, l’ex-DGPN a fait des révélations sur des personnalités qui l’ont approché pour des propositions de coup d’État contre le chef de l’État.
Ces propositions émanaient, selon lui, d’un ancien ministre actuellement député dans l’un des partis soutenant le président Patrice Talon ainsi que deux ex officiers. Ces révélations jettent une ombre inquiétante sur la sincérité et la loyauté d’une partie des proches collaborateurs du président.
Ces informations soulèvent des interrogations profondes sur l’état de cohésion dans le camp présidentiel. Si des figures politiques et militaires ayant servi aux plus hauts niveaux du pouvoir sont citées dans des velléités de déstabilisation, cela traduit un malaise latent au sein même de l’appareil politique qui prétend accompagner Patrice Talon dans sa gouvernance. Les menacent ne proviennent donc pas de Joël Aïvo, de Reckya Madougou ou des acteurs de l’opposition.
Plus inquiétant encore, cette affaire trouve un écho dans le procès très médiatisé de l’homme d’affaires Olivier Boko et de l’ex-ministre Oswald Homéky, également accusés de complot contre l’autorité de l’État.
Un malaise systémique ou des ambitions personnelles ?
Les révélations de Houndégnon et les accusations portées dans l’affaire Boko-Homéky posent une question cruciale : dans quelle mesure le camp présidentiel est-il véritablement uni ? Au-delà des déclarations publiques de soutien, ces affaires laissent entrevoir des ambitions personnelles et des rivalités pouvant compromettre la stabilité du régime.
L’ancien directeur général de la police, en affirmant avoir décliné ces propositions, se présente comme un homme fidèle à la République. Cependant, ses déclarations sur la provenance des offres de coup d’État mettent en exergue la proximité des initiateurs avec les cercles du pouvoir. Si l’on ajoute à cela les soupçons pesant sur des personnalités comme Boko et Homéky, il devient évident que certaines forces internes, loin d’être de simples soutiens, pourraient nourrir des projets contraires à la pérennité du régime actuel.
Face à ces révélations, il est impératif pour Patrice Talon de réexaminer l’équilibre des forces dans son camp et de renforcer les mécanismes de loyauté au sein de son entourage. La cohésion affichée pourrait bien être illusoire, masquant des fractures qui, à terme, pourraient nuire à la stabilité du régime.
Les velléités de déstabilisation rapportées par Houndégnon et les dossiers en cours démontrent que la menace ne vient pas uniquement de l’opposition ou de forces extérieures, mais bien de l’intérieur. Cela appelle à une vigilance accrue et à une introspection sur les dynamiques politiques et militaires entourant le pouvoir.
En définitive, ces affaires rappellent que la politique, même au sommet, est un terrain miné. Pour Patrice Talon, l’enjeu n’est pas seulement de gouverner jusqu’en 2026, mais de s’assurer que ceux qui l’entourent Å“uvrent sincèrement à préserver l’héritage qu’il entend laisser au Bénin. Les récents événements montrent que ce défi est peut-être plus grand que prévu. Et c’est peut-être aussi la conséquence de verrouillage systématique de toutes les ambitions de succession.